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« Nous venons de racheter le spécialiste de l’e-learning e-doceo », Jean-Stéphane Arcis, Talentsoft

Le | Gestion des talents

Coup de théâtre sur le marché des RH ! Huit mois après avoir levé 25 millions d’euros auprès de Goldman Sachs, Talentsoft annonce, ce vendredi, avoir mis la main sur l’une des dernières sociétés indépendantes du segment de l’e-learning : e-doceo, qui a généré, en 2015, 8 millions de chiffre d’affaires. Grâce à cette troisième acquisition, après RFlex et PeopleXS, l’expert de la gestion des talents élargit sa couverture fonctionnelle et propose une suite intégrée couvrant le recrutement jusqu’au développement continu des collaborateurs, comme l’explique Jean-Stéphane Arcis, PDG de Talentsoft

« Nous venons de racheter le spécialiste de l’e-learning e-doceo », Jean-Stéphane Arcis, Talentsoft - © D.R.
« Nous venons de racheter le spécialiste de l’e-learning e-doceo », Jean-Stéphane Arcis, Talentsoft - © D.R.

Pourquoi avez-vous racheté e-doceo ?

Nous sommes partenaires d’e-doceo depuis deux ans. Nous dénombrons des dizaines de clients communs dont Monoprix et SPIE, qui accèdent, depuis la plateforme Mon Talentsoft, aux modules de formation d’e-doceo. Puisque les intégrations de nos solutions se sont bien déroulées, nous avons choisi de nous associer davantage. D’autant que l’approche d’e-doceo correspond à la tendance que nous percevons : celle de ne plus acheter des contenus sur étagère créés par des studios de création, mais de permettre à des experts métiers de capturer et partager un savoir faire de l’entreprise.

Sous quelle forme ce rapprochement s’est-il concrétisé ?

D’un point de vue financier, il s’agit d’une acquisition. Toutefois, elle n’a rien à voir avec les rachats effectués habituellement dans le domaine du logiciel par Oracle ou SAP, par exemple. Notre volonté n’est pas de mettre la main sur une technologie, de dépouiller le produit et de se débarrasser d’une partie des effectifs ! Notre objectif est d’intégrer les 150 collaborateurs d’e-doceo. Nous voyons ainsi ce rapprochement comme une aventure entrepreneuriale, au sein de laquelle Jérôme Bruet, directeur général d’e-doceo, participe en devant actionnaire de Talentsoft et membre du comité de direction.

Quelles sont les synergies entre e-doceo et Talentsoft ?

La suite Talentsoft ne disposait, jusqu’ici, que d’un module de gestion de la formation, plébiscité par une centaine de clients, mais pas de plateforme LMS ou d’outil dédié à la création de contenus pédagogiques. Il nous manquait ainsi ces deux cordes à notre arc. En rachetant e-doceo, nous élargissons donc notre couverture fonctionnelle. Nos outils sont tellement complémentaires que cette acquisition n’aboutit à aucun recouvrement fonctionnel, ce qui est rare ! Ce rapprochement nous permet aussi de consolider notre R&D, désormais constituée de 150 développeurs basés en France.

En plus d’être fonctionnelles, ces synergies sont géographiques…

e-doceo, dont la marque va peu à peu disparaître, dispose d’une dizaine de filiales en dehors de la France. Cette acquisition va effectivement permettre à Talentsoft de renforcer sa présence à l’international, notamment au Benelux, en Suisse et en Allemagne, des pays stratégiques où e-doceo est bien implanté. Nous allons pouvoir mettre un premier pied en Espagne, au Brésil et au Canada où nous n’étions pas encore présents. C’est, pour nous, un bénéfice immédiat : e-doceo dénombrant, dans ces pays, de gros clients. Au total, nous serons donc présents dans 15 pays et sur 4 continents.

Comment ce rapprochement va-t-il se traduire ?

Talentsoft n’est pas une holding : notre ambition est donc d’intégrer les solutions d’e-doceo aux nôtres. Concrètement, nous allons faire d’e-doceo notre centre d’expertise en matière de learning. Ses modules vont être renommés Talentsoft LMS et Talentsoft LCMS (NDLR : Learning Content Management System) et intégrés à notre suite de gestion du capital humain. Cette intégration, qui est d’ores et déjà disponible, permet aux entreprises de relier avec fluidité les axes de développement attendus par leurs collaborateurs à des cursus de formation, depuis le portail Mon Talentsoft.

Votre suite répond désormais à la majorité des processus liés à la gestion du capital humain. Quelles autres acquisitions pourraient vous intéresser ces prochaines années ?

Nous ne nous positionnerons pas dans la paie si c’est ce que sous-entend la question ! Cette année, notre priorité va d’abord être d’intégrer les équipes d’e-doceo aux nôtres puis de proposer, à notre communauté de 1500 clients, nos nouveaux modules LMS et LMCS. Nous espérons, par ailleurs, atteindre les 45 millions de revenus d’ici la fin de l’année. Puis, en 2017, nous resterons à l’affût des pépites innovantes qui sont spécialisées dans les mêmes domaines fonctionnels que nous. Celles qui sont bien implantées en Amérique du Nord pourraient, par exemple, nous intéresser.

Aurélie Tachot