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Quentin Guilluy, Teamstarter : « comment concilier le crowdfunding avec l’engagement collaborateur »

Par Philippe Guerrier | Le | Rse

Le cofondateur d’Andjaro (cédé à Silae) devient CEO de Teamstarter, une plateforme de financement collaboratif pour les salariés. Il fournit des précisions sur la transition professionnelle et sur ce nouveau challenge dans la HR Tech.

Quentin Guilluy, CEO de Teamstarter : la transition professionnelle, l’ancrage dans ce nouveau projet - © D.R.
Quentin Guilluy, CEO de Teamstarter : la transition professionnelle, l’ancrage dans ce nouveau projet - © D.R.

Quentin Guilluy part explorer une nouvelle forme d’engagement collaborateur. Après avoir créé Andjaro (plateforme favorisant la mobilité interne) cédé à Silae en 2023, l’entrepreneur devient CEO de Teamstarter, plateforme de financement collaboratif pour les salariés.

Quentin Guilluy précise les contours de sa nouvelle mission et des ambitions décuplées de Teamstarter.

Comment se passe la prise de fonction chez Teamstarter en qualité de CEO ?

J’ai pris ma fonction de CEO de Teamstarter en janvier 2024. J’ai quitté Silae pour rejoindre cette société qui développe une plateforme de financement collaboratif pour des projets RH ou RSE initiés par des salariés au sein des organisations.

Après avoir géré la cession d’Andjaro à Silae survenue en 2023, j’ai pris du recul suite à la naissance de mon deuxième enfant. Ce qui m’a permis de réfléchir à ma future orientation professionnelle.

J’ai été contacté par les cofondateurs de Teamstarter (Ségolène Mouterde et Vincent Desmares) puis nommé par l’ensemble du board. Avec le départ de Ségolène Mouterde pour des raisons personnelles, ils cherchaient un nouveau manager qui prendrait le poste de CEO à sa place.

L’approche et le positionnement de Teamstarter me rappelle mon aventure avec Andjaro :

  • une équipe de taille humaine (40 personnes) avec une volonté de s’appuyer davantage sur des responsables seniors,
  • une trajectoire semblable de croissance,
  • un marché HR Tech que je connais bien au regard de mon parcours professionnel,
  • un niveau de maturité intéressant,
  • un impact positif.

En 2022, j’avais déjà rencontré Ségolène Mouterde par l’intermédiaire de la banque d’affaires Cambon Partners.

Quelle est votre lettre de mission en prenant cette fonction ?

Après la levée de 7 millions d’euros réalisée par Teamstarter en novembre 2022, l’objectif est de poursuivre le développement des activités et de franchir un palier de croissance. Je n’ai pas pris un job de manager de transition.

L’effectif a doublé depuis la levée de fonds. Nous sommes maintenant en phase de structuration pour passer l’entreprise à l’échelle. La structure a connu la rentabilité dans certaines périodes de son histoire et elle dispose déjà de la culture de l’opérationnel.

Comment décrire le positionnement de Teamstarter ?

C’est une plateforme qui libère l’initiative individuelle à travers le financement participatif dans des organisations de taille moyenne ou grande.

  • Chaque collaborateur dispose d’une petite cagnotte (5 à 10 euros par mois en moyenne) mise à disposition par l’entreprise.
  • Il peut proposer un projet financé par ses collègues. C’est une forme d’engagement collaborateur palpable et actionnable.
  • Via sa plateforme, Teamstarter propose des indicateurs pour suivre l’adhésion des salariés. Selon les organisations clientes, entre 5 et 10 % des collaborateurs proposent des projets individuels, suscitant une certaine effervescence.

Il faut préciser les contours : les projets sont réalisés uniquement dans un cadre intra-entreprise en mode bottom up. Leurs vocations se chevauchent parfois.

  • Ils tournent dans 40 % des cas autour de la cohésion. Par exemple, un collaborateur du Crédit Mutuel du Sud-Ouest qui a du talent pour la musique a créé un projet de financement d’un album avec le soutien d’une centaine de collègues pour soutenir une cause.
  • Dans 30 % des cas, ce sont des projets à impact dans un cadre de RSE : nettoyage d’une plage, organisation d’une course du cœur, etc.
  • Dans 30 % des cas, le projet se rapproche d’un impact business direct : création de masterclass ou de learning sessions, des fab labs…Ce qui permet de combler des angles morts des directions d’entreprise.

S’agit-il véritablement d’un financement participatif comme nous l’avons vu se développer à travers des plateformes de campagnes de crowdfunding pour soutenir des projets comme Tudigo ou Anaxago ?

Les projets sur Teamstarter sont financés par l’allocation de budgets existants de cohésion, de RSE ou d’innovation des entreprises qui attribuent des cagnottes individuelles aux salariés. Tout dépend de la politique des entreprises. De manière comptable, cela peut passer par des notes de frais.

L’approche de Teamstarter suit la mécanique du crowdfunding mais elle est différente de l’écosystème du financement participatif que l’on connaît en France depuis plus de 15 ans.

Notre activité ne fait pas l’objet de contrôle du financement participatif de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), comme c’est le cas pour les opérateurs traditionnels de crowdfunding. Notre cadre légal est différent. Avec Teamstarter, on parle davantage de financement de projets au sein des entreprises.

Le bac à sable est délimité en interne sans recourir à du financement extérieur par des investisseurs particuliers et naturellement sans ponctionner les salaires.

Enfin, les campagnes lancées ne génèrent pas de flux transactionnels via Teamstarter.

Quel est le modèle économique de Teamstarter ?

C’est un modèle SaaS avec un prix déterminé en fonction du nombre d’utilisateurs dans l’entreprise ayant accès à Teamstarter. On parle de quelques euros par mois et par utilisateur. Les projets seront toujours financés par les entreprises.

Nous espérons avoir l’écoute des DRH à travers notre approche.

  • Teamstarter dispose de 80 organisations clients (ESN ou sociétés technologiques, ETI familiales et grands groupes) ;
  • plus de 1700 projets ont vu le jour en 2023;
  • Le budget moyen d’un projet tourne autour de 1.000 euros ;
  • La durée moyenne d’une campagne est de 2 mois.

Nous ne prenons pas de commissions sur les campagnes lancées.

Premier financement décroché en novembre 2022

Teamstarter a réalisé une levée de fonds de 7 millions d’euros avec l’appui de plusieurs investisseurs :
• le fonds Odyssée Venture, 
• le start-up studio Matters, 
• Financière Vecteur (véhicule d’investissement de Banque Populaire Val de France),
• les business angels Benoît Leclercq (Président de la société d’investissement Creadev) et Bertrand Leclercq (Président du groupe de formation Abilways), Nicolas Petrovic (ex-CEO de Siemens et Eurostar), Benoît Queyrel (Président et fondateur d’AptiSkills, conseil en ingénierie) et Patrick Dixneuf (ex-Directeur général Aviva Europe et Président du Cercle Turgot).

Concepts clés et définitions : #DRH ou directeur des ressources humaines