Formation

Un escape game pour former les enseignants de la Sorbonne !

Le | Digital learning

L’Université Sorbonne-Paris-Cité a conçu un

dédié à ses enseignants chercheurs. Le but : les aider à s’approprier les nouvelles méthodes d’enseignement. Un concept séduisant, qui pourrait prochainement être transposé au sein des entreprises privées

Un escape game pour former les enseignants de la Sorbonne ! - © D.R.
Un escape game pour former les enseignants de la Sorbonne ! - © D.R.

Vous êtes dans la tête de Camille, une jeune enseignante qui donnera son premier cours demain. Stressée, elle a du mal à trouver le sommeil. Pour l’aider à passer une bonne nuit, vous devez lui apporter les notions pédagogiques dont elle a besoin. Voilà le postulat de départ du LearningScape, un espace game à visée pédagogique conçu par l’Université Sorbonne-Paris-Cité (USPC). Bien sûr, il reprend tous les codes qui font le succès du jeu d’évasion. Enfermés dans une salle, les participants - des enseignants majoritairement - ont moins d’une heure pour résoudre des rébus, déchiffrer des codes, échapper aux fausses pistes… Au-delà de la dimension ludique, chaque énigme résolue permet de rappeler une nouvelle méthode d’enseignement comme la classe inversée ou l’approche par projet. Par exemple, les syllabes d’un mot à découvrir sont placées sur des bureaux sagement alignés comme dans un cours magistral. Les joueurs doivent transformer l’espace de travail, bouger les tables afin de composer le mot « collaboration ».

Tisser des liens entre les enseignants

Installé au vingtième étage de la Tour Montparnasse à Paris, ce jeu d’évasion a été imaginé par deux entités de l’USPC : Sapiens, qui forme le corps enseignant aux nouvelles pédagogies et le Centre de recherche interdisciplinaire (CRI). Au total, une quinzaine de personnes ont été mobilisées plusieurs mois sur le projet : conseillers pédagogiques, game designers, développeurs, scénographes… Depuis fin février, environ 90 professeurs se sont prêtés au jeu. Conseillère pédagogique à Sapiens, Morgane Maridet a observé de multiples bénéfices. A commencer par l’appropriation de nouvelles pratiques pédagogiques. La mise en situation permet d’en comprendre tout l’intérêt. « Dans l’action, les participants n’ont toutefois pas le temps de réfléchir. Mais lors du débriefing, qui est un moment essentiel, nous reprenons les notions pédagogiques abordées. » Par ailleurs, le LearningScape permet de tisser du lien entre les enseignants chercheurs, une profession réputée individualiste. Et pour cause : la collaboration est essentielle dans un escape game. Aucune énigme ne pouvant être résolue seul.

Un futur dispositif de recrutement ?

Ces prochains jours, Arts et Métiers et l’Université Paris Descartes utiliseront le LearningScape pour un autre cas d’usage : l’accueil des nouveaux enseignants chercheurs. « Ils feront connaissance dans un ambiance détendue, alors que la préparation des premiers cours est une période anxiogène », explique Morgane Maridet. A noter que l’USPC n’est pas la seule à promouvoir l’escape game pédagogique. Des enseignants de l’académie de Créteil l’utilisent pour dynamiser leurs cours et tiennent un blog sur le sujet. Le concept est également transposable au monde de l’entreprise. Des employés d’Air France et de la SNCF sont venus jouer à la Tour Montparnasse. D’autres sociétés comme Lidl ou la Caisse d’Epargne utilisent déjà l’escape game comme méthode de recrutement pour déceler le potentiel collaboratif ou de leadership des candidats. Un peu dépassé par le succès du LearningScape, Sapiens se dit prêt à le proposer aux organisations qui le souhaiteraient, gratuitement pour les universités et sous forme de licences pour les entreprises privées.

Xavier Biseul