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« Nous ne souhaitons pas proposer à nos talents les mêmes incentives que nos concurrents », Jean Focheux, Roche

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Distingué en novembre dernier par le Cercle SIRH pour avoir mis en œuvre une solution de gestion des ressources humaines dans les 185 filiales du groupe Roche, Jean Focheux, responsable du SIRH au sein de la direction des opérations et des services RH, tient un discours différenciant sur le mode SaaS

« Nous ne souhaitons pas proposer à nos talents les mêmes incentives que nos concurrents », Jean Foche - © D.R.
« Nous ne souhaitons pas proposer à nos talents les mêmes incentives que nos concurrents », Jean Foche - © D.R.

Il y a un an, vous acheviez la mise en place d’une solution de gestion des ressources humaines. En quoi a consisté ce projet d’envergure ?

Afin d’harmoniser nos pratiques, nous avons déployé, dans nos 185 filiales, une solution « on premise » destinée à gérer l’ensemble des processus liés à la gestion du personnel. L’outil, qui est opérationnel depuis un an, est disponible en 10 langues et utilisé par environ 80 000 employés qui accèdent, à partir d’un portail unique, aux informations les concernant, aux outils de gestion de la performance, de rémunérations… Notre éditeur - SAP - vient toutefois de proposer à ses clients de passer en mode SaaS d’ici 2020. Nous sommes donc en pleine réflexion de ce que ça peut impliquer en interne.

Avez-vous déjà expérimenté le mode SaaS ?

Oui, nous disposons déjà de plusieurs solutions SaaS dans les domaines du recrutement et de la gestion de la formation. Bien qu’attractif, ce mode implique, pour les éditeurs, de supporter des milliers d’utilisateurs et, donc, de revoir leur mode d’organisation. Or, aujourd’hui, ils concentrent surtout leurs efforts sur l’attractivité des logiciels, non sur l’impact que le SaaS peut avoir sur les supports. Le suivi qu’ils proposent n’est pas encore optimal : ils ne sont pas suffisamment armés pour corriger une erreur dans de courts délais ou mettre en place des tests de régression avant de déployer une modification ou une nouvelle fonctionnalité, par exemple.

Selon vous, quels sont les obstacles à l’adoption d’une solution en mode SaaS ?

La standardisation ! Avant, les éditeurs proposaient une large gamme de solutions différenciées alors que les entreprises souhaitaient des outils standards. Maintenant que les ressources humaines sont devenues une fonction stratégique, les entreprises cherchent à s’outiller de solutions différentes de celles de leurs compétiteurs. Or, les éditeurs développent aujourd’hui des outils SaaS, donc standardisés. Leur prochain défi sera donc de développer des outils quasi-personnalisés dans ce mode ou de proposer à leurs clients de corréler des modules « on premise » aux logiciels SaaS.

Avez-vous déjà intégré des modifications à votre solution SaaS ?

Non, car nous n’en avons pas eu l’opportunité. Toutefois, puisqu’aucun éditeur ne le proposait, nous avons développé, autour de notre outil on premise de SAP, un module de gestion de la rémunération intégrant un mécanisme particulier de gestion des bonus. Notre ambition est d’avoir des processus et des modes de calculs originaux car nous estimons qu’ils constituent des facteurs de différenciation forts. Nous ne souhaitons pas proposer à nos talents les mêmes incentives que nos concurrents. Notre enjeu est de concilier la standardisation offerte par les solutions SaaS quand cela fait du sens et la possibilité de personnaliser certains processus clés.

Quelles sont les prochaines étapes pour le groupe Roche ?

Nous réfléchissons aujourd’hui à la manière dont on peut faire évoluer notre plateforme vers le SaaS car nous souhaitons capitaliser sur ce que nous avons déjà mis en œuvre et accéder aux innovations offertes par les nouvelles technologies. Quoi qu’il en soit, si nous optons pour ce mode, nous le déploierons module par module. Nous commencerons vraisemblablement par ceux qui ont une forte valeur ajoutée : la gestion des talents, de la performance, des rémunérations, des plans de développement et des plans de succession…

Aurélie Tachot