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Qapa compte plus que tripler son chiffre d’affaires en 2018

Le | Intérim

Portée par une levée de fonds record et un recentrage sur l’intérim, la startup RH connaît un développement soutenu. Elle prévoit de doubler son effectif en 2018

Qapa compte plus que tripler son chiffre d’affaires en 2018
Qapa compte plus que tripler son chiffre d’affaires en 2018

2017 aura été un bon cru pour Qapa. La startup RH a démarré l’année en fanfare par une levée de fonds de 11 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques et d’Index Ventures. Qapa a surtout profité de son recentrage gagnant sur l’intérim au printemps 2016.

En lançant une offre dédiée, Qapa bénéficie, en effet, du boom du travail temporaire. Après une hausse de 12 % en septembre, le marché a connu une croissance 9,2 % en octobre selon Prims’emploi. Une embellie soutenue principalement par les métiers du transport, de la logistique et de l’industrie.

Pour attaquer ce secteur qui pèse 24 milliards d’euros en France, Qapa a dématérialisé tout le travail effectué par les agences de travail temporaire. Tout se fait en ligne qu’il s’agisse de la contractualisation - de l’envoi des pièces justificatives jusqu’à la signature électronique -, ou du volet administratif - contrat de travail, bulletin de paie…

Cette digitalisation de l’intérim est une tendance lourde dans laquelle s’inscrit d’autres startups, plus récentes, comme Vit-on-Job et Bruce. Pour ne pas se faire « uberiser », les entreprises de travail temporaire traditionnelles y répondent en lançant des offres 100 % digitales, Adecco avec Mon Agence en Ligne, Randstad avec Randstad Direct.

Cariste, un profil aussi courtisé que data scientist

Cet apport du numérique dans l’intermédiation entre l’entreprise cliente et l’intérimaire est, pour Stéphanie Delestre, cofondatrice de Qapa, « un gage de rapidité, critère déterminant dans l’intérim.  » Son record : 36 minutes entre le moment où un restaurant parisien a déposé une offre de serveuse et le moment où celle-ci a pris son service. « Nous nous adressons d’abord aux TPE et PME qui ont besoin de recruter très vite. Les grandes entreprises, elles, sont déjà bien entourées. »

Qapa est particulièrement attendue sur les métiers pénuriques comme les gestionnaires de paie, les caristes, les chauffeurs livreurs, les coiffeurs, les soudeurs ou les chaudronniers. « Il n’y a pas que les data scientist qui sont courtisés. Dans ces professions, les candidats ont l’embarras du choix. »

Pour ces profils recherchées, l’intérim peut constituer un statut préférentiel avec l’indemnité de congés payés (10 %) et la prime de précarité (10 %) de fin de mission qui gonflent la fiche de paie. L’accès au logement et au prêt bancaire a été, par ailleurs, favorisé grâce au Fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt).

50 % des intérimaires approchés sur les réseaux sociaux

Pour gagner en réactivité, Qapa fait largement appel aux réseaux sociaux. L’approche directe des candidats sur Facebook, Snapchat ou Instagram représente même 50 % de son sourcing. « Quand un client sollicite Qapa pour avoir rapidement 30 vendeurs sur une vente privée, nous ne les trouverons pas sur les CVthèques et les job boards, poursuit Stéphanie Delestre. Il faut aller chercher les candidats sur les réseaux sociaux où la population est plus large et extrêmement réactive. »

Chaque cible a son média social. Avec sa moyenne d’âge de 41 ans, Facebook est, pour Qapa, la première source d’acquisition pour les métiers de la vente et de la logistique. Prisé par les jeunes, Snapchat se prête, lui, aux jobs étudiants et aux emplois saisonniers comme en ce moment à l’approche de Noël. Sur les 5 millions de candidats recensés par Qapa, 1,5 million ont moins de 26 ans.

Deux fois moins cher que les entreprises de travail temporaire

La digitalisation permet aussi de baisser les coûts. Le service est gratuit pour le candidat. Côté entreprise, Qapa prélève 15 % sur le salaire brut chargé de l’intérimaire alors que, précise Stéphanie Delestre, « ce taux monte à 30 ou 40 % pour une entreprise de travail temporaire. » Par ailleurs, Qapa ne prélève pas de commission sur le recrutement.

Le numérique n’empêche pas les relations humaines. Qapa entend construire une communauté de fans pour jouer sur le bouche à oreille. « Les personnes qui ont effectué une mission vont parler de nous à leurs amis, à leur famille. » La startup a aussi mis en place un service d’écoute pour répondre aux questions pratiques de type « quand mon titre de transport sera remboursé ? ». Elle réfléchit, enfin, à un système de bonus pour récompenser nos bons intérimaires.

Qapa gère actuellement plus de mille intérimaires en poste. Loin des 10 000 contrats de travail (intérim, CDD, CDI) évoqués en début d’année. Pour sa défense, la société pensait traiter des missions courtes alors que la majorité dépasse les 3 semaines pour atteindre parfois 6 à 9 mois. Qapa n’a pas non plus renié sa promesse première de « mettre le chômage K.O. ! ». L’intérim constitue un sas à l’embauche et un certain nombre de missions se transforment en CDI que la plateforme gère également.

Six ans et demi après sa création, Qapa devrait réaliser un peu plus de dix millions d’euros cette année. Un chiffre d’affaires que la société compte multiplier par trois ou quatre en 2018. Son effectif devrait, lui, doubler l’année prochaine. Le siège parisien emploie actuellement un peu plus de 60 collaborateurs. L’équipe informatique et R&D, composée de 13 personnes est, quant à elle, basée à Grenoble, au Village by CA, la pépinière de startups du Crédit Agricole.

Xavier Biseul