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La saga des sites d’avis sur les employeurs en France

Le | Marque employeur

L’arrivée du géant Glassdoor fera-t-elle trembler les DRH ? En tout cas, elle bousculera sans doute ce marché de niche qui s’est façonné depuis 15 ans en parallèle des job-boards traditionnels. Tour d’horizon des sites qui se sont illustrés, avec plus ou moins de succès, dans un pays où donner son avis est un sport national

La saga des sites d’avis sur les employeurs en France - © D.R.
La saga des sites d’avis sur les employeurs en France - © D.R.



Tchooze : le pionnier

Le premier site du genre voit le jour en 2000, à l’initiative de 3 jeunes associés, qui comme Monsieur Jourdain faisaient du web 2.0 sans le savoir. A l’époque, Tchooze disposait déjà d’un méta-moteur d’offres d’emploi et d’un agrégateur d’actualités. « La mayonnaise a très bien pris, jusqu'à la revente du site au second semestre 2001 au groupe Publicis » nous explique son co-fondateur Vincent Vevaud, désormais Partner de Havas Worldwide Paris. L'éclatement de la bulle internet aura toutefois raison du site, qui disparaît 18 mois après sa création. « Avec du recul, j’ai le sentiment que le marché des avis a explosé, à l’image de TripAdvisor, mais que l’emploi n’est pas l’axe qui a le plus de potentiel à l’heure des réseaux sociaux » observe-t-il.

NoteTonEntreprise : l’audacieux arrivé trop tôt

Monté en un week-end par deux étudiants ingénieurs, le site suscite dès son lancement en 2008 l’enthousiasme des internautes, invités à donner leur avis et à dévoiler leur salaire… et la colère des entreprises qui l’attaquent à tout va pour diffamation. « Nous avons eu une cinquantaine de plaintes dont 10 ont terminé au tribunal. (…) Pourtant, les avis étaient constructifs, il y avait une très forte valeur ajoutée. Les entreprises françaises n’étaient pas prêtes » observe Julien Barbier, co-fondateur, désormais entrepreneur à San Fransisco. Sur NoteTonEntreprise, il n’y avait pas d’inscription requise - contrairement à Glassdoor aujourd’hui. Les avis remontaient donc très fort en référencement, au grand dam des entreprises égratignées. Les internautes pouvaient par ailleurs prendre contact entre eux au travers d’une messagerie. Au bout d’un an et demi, le site est revendu avant d’avoir été monétisé. « C’est dommage, le projet a été tué dans l’œuf. Nous étions jeunes » conclut Julien Barbier, qui se rappelle que Glassdoor commençait toute juste à lever des fonds outre-Atlantique.

Meilleures-entreprises : le généraliste qui a su convaincre la France 

Lancé dès 2007 par un ex-DRH de l’Oréal, Meillleures-entreprises prend réellement de l’ampleur en 2011. Il rassemble aujourd’hui 150 000 avis d’internautes sur 5000 entreprises (contre 15 000 avis au lancement de Glassdoor France), 120 clients, et revendique 300 000 visiteurs uniques. D’un modèle économique publicitaire au départ, le site a évolué vers une offre freemium, permettant d’accompagner les entreprises dans la gestion de leur e-reputation. « Au travers de notre programme Happy, les entreprises disent à leurs salariés qu’elles ont envie de les écouter, de leur faire confiance, que leur avis compte (…) cette offre est complémentaire à Glassdoor puisqu’on s’adresse aussi l’interne » explique le PDG Laurent Labbé. Meillleures-entreprises met gratuitement à disposition des questionnaires auprès des collaborateurs. Il se rémunère ensuite au travers de l’analyse des données, à l’aune du big data qu’il a constitué et par la mise en place d’outils de valorisation. Le site, qui ambitionne d’atteindre 1M€ de CA en 2015 a donc été chercher des budgets au-delà du seul terrain de la marque employeur. Autre (ex-)site d’avis qui a réorienté son modèle vers la sphère interne, Opentojob, qui propose désormais, une plateforme de pilotage du climat social. Quant au site Jobfact, lancé en 2009, il semble avoir récemment passé l’arme à gauche.

LinkFinance : le jobboard mutant

Crée en 2008, ce site d’emploi spécialisé dans les métiers de la banque et de l’assurance décide fin 2013 d’enrichir son offre en proposant aux internautes de noter leurs entreprises ou leurs formations, au moment du dépôt de leur CV. Une fonctionnalité qui est d’ailleurs proposée également par l’agrégateur Indeed. Pour sa part, LinkFinance rassemble aujourd’hui 20 000 avis sur 2000 entreprises. Les avis sont désormais associés aux 10 000 offres publiées chaque mois. « Nous avons eu quelques réactions de Directeurs de Recrutement, mais dans l’ensemble, on constate un vrai intérêt de leur part ; c’est rentré dans les habitudes » explique Domenico Catalano, DG de LinkFinance. 

Glassdoor se lance-t-il sur un terrain déminé ?

Gaëlle Fillion