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Tribune - Pourquoi les entreprises ne pourront bientôt plus se passer de l’entretien professionnel ?

Le | Gestion des talents

Depuis l’entrée en vigueur de la Réforme de la formation professionnelle du 5 mars 2014, l’entretien professionnel a fait couler beaucoup d’encre… perçu le plus souvent comme une contrainte légale, une procédure de plus, on a peu insisté sur le fait que l’entretien professionnel était avant tout un acte managérial, à visée stratégique.

Tribune - Pourquoi les entreprises ne pourront bientôt plus se passer de l’entretien professionnel ? - © D.R.
Tribune - Pourquoi les entreprises ne pourront bientôt plus se passer de l’entretien professionnel ? - © D.R.

Parce que l’entretien professionnel, c’est un formidable catalyseur pour :

  • La stratégie d’entreprise et son articulation avec les plans de formation et les Ressources Humaines
  • La montée en compétences des collaborateurs
  • La détection des talents
  • La mobilité

Depuis l’entrée en vigueur de la Réforme de la formation professionnelle du 5 mars 2014, l’entretien professionnel a fait couler beaucoup d’encre… Perçu le plus souvent comme une contrainte légale, une procédure de plus, on a peu insisté sur le fait que l’entretien professionnel était avant tout un acte managérial, à visée stratégique.

Comme le souligne Kenza El Khomri d’ADP, « en abordant le dossier de l’entretien professionnel de manière stratégique, la fonction RH a aujourd’hui entre les mains une opportunité d’innover pour faire évoluer de manière constructive et partagée le capital humain de l’entreprise. »[1]

Stratégie d’entreprise

L’entretien professionnel est le lieu de l’émergence et de la construction d’un projet professionnel. Un projet professionnel, pour qu’il prenne corps doit permettre de concilier besoins et envies du collaborateur avec ceux de l’entreprise, tout en s’appuyant sur les évolutions identifiées en matière de ressources humaines. Autour de l’entretien professionnel, 3 acteurs clé : le collaborateur, la fonction RH et le manager qui vont discuter, débattre, partager une vision et s’accorder sur un projet viable à plusieurs niveaux. On s’appuie donc sur l’intelligence individuelle et collective, ce qui augmente la conscience (awareness) et renforce l’adhésion et l’engagement dans le projet d’entreprise. A l’heure où l’on note un engagement très bas des salariés, alors même que les entreprises déploient des efforts considérables pour communiquer sur leur stratégie, inviter les acteurs clé de l’entreprise à dialoguer, à se projeter ensemble dans un futur partagé, c’est assurément un bon moyen de faire vivre la stratégie, de l’incarner.

A court terme, l’entretien professionnel renforce le sentiment d’appartenance  et de reconnaissance, la cohésion et fidélise.

Montée en compétences et autonomie

La Réforme opère un changement de paradigme : on passe d’une obligation de dépenser des budgets de formation à l’obligation de développer les compétences.

Le développement des compétences est un enjeu majeur de la performance des entreprises au moment où :

  • « 90 % des dirigeants anticipent des changements majeurs dans les métiers de leurs équipes, et 39 % pensent que cela va toucher plus d’un quart de leurs effectifs. »[2]
  • « 60 % des meilleurs métiers pour ces dix prochaines années n’ont pas encore été inventés. »[3]

L’entretien professionnel est le cadre idéal pour discuter compétences à activer dans la perspective d’une évolution de carrière ou de la mise en place d’un projet professionnel. Il permet une lecture croisée et une mise en cohérence avec le portefeuille de compétences de l’entreprise, existantes et à venir.

L’entreprise d’aujourd’hui et de demain, soumise aux grandes évolutions du XXIème siècle, synonymes bien souvent de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté, doit saisir l’entretien professionnel comme une véritable opportunité de réinvestir les évolutions de notre monde pour irriguer ses équipes et se réinventer.

En filigrane, la Réforme vise une certaine autonomisation de l’individu. D’ailleurs, « 51 % des entreprises évoquent la responsabilisation des collaborateurs comme enjeu principal de la Réforme »[4].

Qui dit autonomisation, dit proactivité et prise d’initiative. Le monde de demain est très certainement un monde dans lequel les individus qui trouveront leur voie sauront maitriser leur parcours et changer de peau facilement pour saisir les opportunités du moment.

D’ailleurs, s’il l’on en croit les études qui ont été réalisées récemment,  la génération Y appréhende sa carrière professionnelle non plus comme un bloc monolithique mais bien plutôt comme une myriade d’expériences, toutes devant contribuer à l’épanouissement professionnel et personnel. Le parcours professionnel, réalisé hier au sein d’une seule et même entreprise, est en passe de devenir un « portfolio de micro-carrières »[5] ; savoir faire évoluer les compétences de ses collaborateurs, les renforcer, les enrichir, c’est se donner les moyens de répondre aux besoins et aux tendances de notre temps.

Détection de talents

On parle de détection de talents, le plus souvent en termes de recrutement, la question qui se pose étant la suivante : comment attirer les jeunes talents chez nous ? A l’heure où la crise limite les marges de manœuvre d’un bon nombre d’entreprises, une autre question est venue se greffer au débat : comment conserver son vivier de talents ? Et même avant cela, comment les dévoiler ?

Là encore, l’entretien professionnel, parce qu’il donne la possibilité à chaque collaborateur, au moins tous les deux ans, de faire le point sur ses aspirations, son évolution professionnelle, dans un cadre chaleureux, propice aux échanges et en dehors de toute analyse de performance et de résultats (ce qui est le cas de l’entretien annuel),  est un des outils indiqués pour repérer des talents en devenir, des compétences en cours d’évolution et qui ne demandent qu’à se développer. L’entreprise sachant s’appuyer sur son capital humain pour se réinventer, détient une des clés de la performance pour demain.

Stéphane Canonne dans un article de 2013 identifiait déjà l’agilité comme l’une des 7 compétences clé du travail de demain : « La fragmentation des parcours professionnels nous poussera à développer une transversalité en termes d’expertises, de savoirs et d’expériences. » et d’ajouter que pour être agile, il faut développer :

  • « une grande tolérance à l’incertitude et aux idées nouvelles
  • ses connaissances dans plusieurs disciplines
  • une grande propension à changer en continu[6] »

Mobilité

L’entretien professionnel peut impulser ce mouvement et stimuler l’envie de changer, évoluer, s’adapter, et pourquoi pas l’envie de relever de nouveaux défis, prendre des risques et se dépasser. C’est un axe particulièrement intéressant pour envisager la mobilité des personnes, quand le cabinet PwC prédit que d’ici 2020 la mobilité professionnelle va augmenter de 50 %.

De son côté l’APEC dans son panorama de la mobilité des cadres révèle que 45 % des cadres déclarent souhaiter une mobilité interne :

  • pour développer de nouvelles compétences (22 %),
  • pour augmenter leur salaire (19 %).

41 % déclarent par ailleurs vouloir un changement d’entreprise :

  • parce qu’une évolution en interne est impossible (21 %),
  • par envie de découvrir de nouveaux horizons (16 %)[7].

A travers la question de la mobilité, se pose celle de l’évolution des métiers, à l’échelle de l’entreprise, mais aussi à l’échelle du marché (global) du travail. Se pose aussi la question de la fidélisation des collaborateurs. L’entretien professionnel est un moment privilégié pour détecter des potentiels et anticiper la mobilité des personnes.

Il permettra en outre, et c’est peut-être le plus important, de regagner la confiance en (re)-créant du dialogue et en faisant confiance car pour s’engager il faut être dans une dynamique à double sens.

L’entretien professionnel, c’est donc bien plus qu’une obligation légale. C’est un moment crucial pour faire fructifier le patrimoine de l’entreprise.

Et parce qu’il est l’enjeu de questions stratégiques pour l’entreprise, il faut s’y préparer de façon à être capable de :

  • Valoriser, motiver les collaborateurs et managers de proximité
  • Faire évoluer les collaborateurs et les fidéliser
  • Repérer les compétences mobilisables
  • Anticiper les projets de mobilité

Avec Daesign[8], ouvrez grand votre horizon professionnel.

Retrouvez la démo gratuite de notre Entretien professionnel ici[9].

Isabelle Artus, micro-carrière dans l’enseignement du français langue étrangère, micro-carrière dans la pédagogie interactive multimédia et actuellement chef de projet chez Daesign. Micro-carrière de demain : Social Media Manager.

Daesign, créateur de formats et éditeur de contenus interactifs transmédia innovants destinés à la formation, professionnelle et initiale, au bien-être et au développement personnel. 



[1] ADP, Kenza El Khomri, Entretien professionnel « nouvelle formule » : une opportunité stratégique pour les DRH, 26 juin 2014, Les Echos Business.

[2] EY, La révolution des métiers, 2014, p6.

[3] Sparks & Honey, 20 jobs of the future, citation de Thomas Frey, p2.

[4] ADP, Regards croisés sur la formation professionnelle, 2014, p5.

[5] Sparks & Honey, 20 jobs of the future, citation de Thomas Frey, p5.

[6] Stéphane Canonne, Les 7 compétences clés du travail de demain, 30 septembre 2013, http://www.formation-professionnelle.fr/2013/09/30/7-competences-cles-travail-demain/

[7] APEC, Panomara des mobilités professionnelles des cadres, juin 2014

[8] Lien : https://www.seriousgamestore.com/fr

[9] https://www.seriousgamestore.com/trainings-demo/mcmb6/index_fr.html