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« Avec ce rachat, nous allons pouvoir multiplier les acquisitions », Patrick Bertrand, Cegid

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D’ici quelques mois, Cegid n’arborera plus les couleurs tricolores. L’éditeur de solutions de gestion et de services cloud, qui fut introduit en bourse à peine trois ans après sa création, s’apprête à être racheté par un consortium de fonds d’investissement anglo-saxons. Une opération à 580 millions d’euros qui devrait permettre à la pépite lyonnaise fondée en 1983 par Jean-Michel Aulas d’accélérer à l’international et de poursuivre sa mutation vers le SaaS. Les précisions de Patrick Bertrand, directeur général du groupe de 2200 personnes

« Avec ce rachat, nous allons pouvoir multiplier les acquisitions », Patrick Bertrand, Cegid - © D.R.
« Avec ce rachat, nous allons pouvoir multiplier les acquisitions », Patrick Bertrand, Cegid - © D.R.

Comment s’est déroulé ce rachat ?

Nous avons imaginé, avec Jean-Michel Aulas, un nouvel actionnariat afin d’accompagner notre dynamique de croissance, suite à la volonté de notre investisseur Groupama, qui détenait 27 % des parts de Cegid, de sortir de notre capital. Pour assurer un développement rapide de nos activités, nous souhaitions nous entourer de personnes connaissant parfaitement les métiers de l’IT. En l’occurrence le fonds américain Silver Lake Partners et le britannique AltaOne, créé en 2015, qui vont tous deux lancer une offre publique d’achat amicale, qui valorise Cegid à 580 millions d’euros.

Pourquoi ouvrez-vous votre capital à des investisseurs étrangers ?

En France, aucun industriel n’était suffisamment important ou solide pour nous accompagner dans cette dynamique de croissance. Quant aux fonds d’investissement, j’ignore si certains ont été approchés, ni même si des contacts ont été initiés, dans la mesure où la sortie de Groupama s’est réalisée en toute confidentialité. Même s’il n’y a pas de solution idéale, l’avantage, en choisissant des fonds d’investissements et non des industriels comme nouveaux actionnaires, c’est que nous gardons toute notre autonomie. Nous conservons à la fois notre stratégie et notre management.

Quelles garanties offrez-vous pour assurer la pérennité de Cegid ?

Dès que nos salariés et nos clients ont appris ce rachat, des questions légitimes ont été posées : la stratégie va t-elle changer ? La gamme de produits va-t-elle perdurer ? Ce que je peux dire, c’est que nos actionnaires sont compétents dans le domaine de l’IT. Ils devraient donc nous aider à accélérer notre développement, donc à assurer notre pérennité. Jean-Michel Aulas, qui restera président du conseil d’administration, n’abandonne pas Cegid : il prépare le futur. Il le prouve en réinvestissant, dans le groupe, une partie significative des sommes tirées de la cession de ses parts.

Qu’est-ce que ce rachat va changer ? 

Grâce à ce rachat, nous allons pouvoir passer à la vitesse supérieure à l’international. Aujourd’hui, nous sommes présents dans une quinzaine de pays : aux Etats-Unis, au Brésil, au Canada, en Chine… Notre objectif est désormais de développer notre présence en Afrique subsaharienne. Ce nouvel actionnariat va également nous permettre de multiplier les acquisitions en France comme à l’étranger. Nos fonds d’investissement ayant tous deux intégrés, dans notre structure de financement, une poche financière uniquement dédiée aux opérations de croissance externe.

Allez-vous davantage concentrer vos efforts sur le SaaS ?

Depuis trois ans, nous enregistrons une croissance supérieure à 25 % dans le SaaS. Sur cette seule activité, notre chiffre d’affaires a augmenté de 50 % au cours du premier trimestre 2016. Ce nouvel actionnariat va donc effectivement nous permettre d’accélérer la mutation de notre base installée vers le SaaS. Nous devrions ainsi élargir notre offre logicielle afin qu’elle devienne une plateforme découpée par métiers (la DRH, la finance, le retail…) capable d’embarquer les outils de Cegid mais aussi ceux de nos compagnons, en particulier des start-up dans le domaine des RH.

Aurélie Tachot