Formation

« Dans un marché en contraction, nous gardons notre capacité à vendre nos formations », Benoit Félix, Cegos

Le | Digital learning

Après une année 2013 difficile, Cegos renoue enfin avec la croissance. Fort d’un chiffre d’affaires de 159 millions d’euros en 2014, l’organisme de formation, qui a récemment mis la main sur l’éditeur allemand Integrata, continue son expansion à l’international, comme l’explique Benoit Félix, Directeur des fonctions corporate et Membre du directoire

« Dans un marché en contraction, nous gardons notre capacité à vendre nos formations », Benoit Félix,  - © D.R.
« Dans un marché en contraction, nous gardons notre capacité à vendre nos formations », Benoit Félix, - © D.R.

Cegos affiche de belles performances économiques en 2014. Comment expliquez-vous ces résultats ?

Nous dressons un constat satisfaisant de 2014. Malgré un environnement économique dégradé, nous avons généré un chiffre d’affaires de 159 millions d’euros, contre 158,5 en 2013. Notre croissance est donc très faible mais, dans un marché en contraction, nous gardons notre capacité à vendre nos formations. Nous avons fait plusieurs réformes afin de faire des économies de coûts. A l’international, l’activité la plus touchée par la crise, nous avons dû adapter nos ressources. Car en République Tchèque par exemple, notre chiffre d’affaires a baissé de 12 % par rapport à 2013.

Le marché de la formation résiste-t-il mieux en Europe ?

Oui, notamment grâce à la France, qui reste le premier marché européen, en partie grâce à sa législation qui est favorable à la formation professionnelle. En Europe du Nord, notamment en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Suisse, notre chiffre d’affaires a progressé de 9 %, sans compter l’acquisition de l’éditeur Integrata, que nous avons finalisée en fin d’année dernière et qui génère plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires. En Europe du Sud, c’est-à-dire en Espagne, Italie et Portugal, nous enregistrons également une légère hausse : + 1 %, contre - 14 % en 2013.

Allez-vous continuer votre déploiement à l’international ?

Oui, dans la mesure où les entreprises, qui mènent de plus en plus de projets multi-pays, sont sensibles aux acteurs ayant une dimension mondiale. C’est la raison pour laquelle nous venons  d’ouvrir une filiale au Chili, qui constitue un bon point de départ pour développer, en nom propre, notre activité en Amérique Latine, où nous étions déjà présent via notre réseau de distributeurs. En 2015, nous devrions ouvrir une seconde filiale dans ce continent, où le marché est mature. Nous souhaitons ensuite continuer à développer notre empreinte mondiale à un rythme raisonnable.

Sur quelles modalités pédagogiques allez-vous miser en 2015 ?

Nous croyons beaucoup dans le blended-learning, qui combine à la fois des formations présentielles et distancielles. Nous nous sommes récemment lancés dans la conversion de notre offre en HTLM5 pour permettre aux apprenants d’utiliser nos modules e-learning sur leur smartphone ou tablette. En fin d’année, nous espérons avoir converti le cœur de notre catalogue de formations, c’est-à-dire entre 20 et 25 %. Cette année, nous allons donc continuer de travailler sur le mobile learning, qui, après avoir été anecdotique, prend enfin de l’ampleur en France.

Pensez-vous que le mobile learning pourrait être vu une modalité unique ?

Il pourrait l’être, oui. Notre conviction, c’est toutefois que le mobile learning n’est intéressant que lorsqu’il est mixé avec d’autres modalités, dont le présentiel, qui a encore de l’avenir. Ce format traditionnel ne disparaîtra pas : lorsque les apprenants souhaitent faire des jeux de rôles, des mises en situations ou partager leurs expériences, ils ont besoin de se retrouver physiquement dans une salle de classe. La preuve, c’est qu’aujourd’hui, l’e-learning en modalité unique ne représente que 5 % de notre chiffre d’affaires, contre 40 % pour le blended-learning.

Ces deux dernières années, le marché de la formation s’est consolidé, avec le rachat de CrossKnowledge par Wiley et celui de Vodeclic par Skillsoft. Quel regard portez-vous sur ces opérations ?  

Ces opérations s’inscrivent dans une évolution logique du marché de formation, qui dénombre plus de 50 000 organismes. Ce qui va changer, c’est que les petits opérateurs proposant des contenus pédagogiques de qualité vont devoir se positionner sur des segments de niche pour se différencier ou signer des alliances pour offrir de l’innovation à leurs clients. Cette évolution du marché est favorable à un groupe comme Cegos, qui fait partie des acteurs pouvant réaliser des acquisitions, comme ça a été le cas avec Integrata, avec qui nous allons développer de fortes synergies.

Aurélie Tachot