Formation

Innover en formation ? « C’est prendre des risques ! »

Le | Digital learning

Contrairement aux Etats-Unis, la France valorise peu la prise de risques. Celle-ci est pourtant essentielle, en particulier dans les démarches digitales qu’entreprennent aujourd’hui les professionnels de la formation, comme l’expliquent les experts réunis, mardi dernier, dans le cadre de la première édition de l’événement LearnInnov

Innover en formation ? « C’est prendre des risques ! » - © D.R.
Innover en formation ? « C’est prendre des risques ! » - © D.R.

Qu’est-ce qu’innover en matière de formation ? Les intervenants invités à la conférence de clôture de LearnInnov qui a rassemblé, le 14 octobre dernier, une centaine de professionnels, semblent tous d’accord sur la réponse : innover, c’est prendre des risques. Xavier Sillon, président de Vodeclic, se souvient de ses premiers paris digitaux, en 2009. « Nous sommes arrivés sur le marché de la formation en proposant des modules vidéos de 4 à 5 minutes. A l’époque, ce format n’était pas considéré comme de la formation. Aujourd’hui, il est incontournable : c’est le format le plus simple, le plus rapide et le mieux mémorisable pour délivrer du contenu », résume-t-il. Cerise sur le gâteau : il se prête parfaitement bien à l’auto-formation.

Un désir, mais aussi une ardente obligation…

Au-delà de l’effet de mode qu’il y a à surfer sur les nouvelles tendances pédagogiques, l’innovation est devenue inévitable. « Des outils technologiques apparaissent. Si les contenus et les modalités de formation ne changent pas, la motivation des apprenants va décroître », estime Xavier Sillon. Une idée partagée par Denis Cristol, directeur de l’ingénierie et des dispositifs de formation du CNFPT. Dans un contexte où chacun zappe d’un device à un autre, en particulier les jeunes issus de la génération Y, « les messages ne peuvent plus être délivrés comme avant. Nous devons trouver de nouvelles modalités de dialogue, d’interaction mais aussi de stimulation car l’attention des apprenants est devenue une ressource rare », constate-t-il. C’est d’autant plus vrai que les formats pédagogiques précédents ne sont plus adaptés au contexte actuel, « où il faut former un maximum de personnes, pour un impact limité en termes de coûts », rappelle Philippe Lacroix, co-fondateur du cabinet IL&DI.

Les MOOC : une fausse innovation ?

Pour être payante, la prise de risques propre à l’innovation doit évidemment servir les intérêts des apprenants. Sur ce point, les Massive Open Online Courses (MOOC) peuvent être intéressants. Certes, « la pédagogie descendante de ce format n’a rien d’innovant », glisse Olivier Ferhat, directeur du pôle solution chez Demos. Toutefois, son accessibilité est en rupture avec les pratiques de formation des entreprises. « Par leur ouverture, les MOOC se positionnent à l’opposé des contenus construits dans le cadre des plans de formation », souligne Xavier Sillon. « En donnant lieu à des échanges ou en favorisant les pratiques collaboratives, ces cours peuvent également être un vecteur de la construction humaine », conclut Denis Cristol.

Aurélie Tachot