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« L'éducation au management est le fil rouge de ma vie professionnelle », Laurent Choain, DRH, Groupe Mazars

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Fraîchement titulaire d’un Doctorat en sciences du management à… 48 ans, Laurent Choain se considère comme un éternel étudiant. Depuis maintenant quatre ans, il est pourtant DRH de l’un des plus importants groupes internationaux d’audit et de conseil, Mazars, regroupant plus de 13 000 professionnels à travers 72 pays

« L'éducation au management  est le fil rouge de ma vie professionnelle », Laurent Choain, DRH, Groupe - © D.R.
« L'éducation au management est le fil rouge de ma vie professionnelle », Laurent Choain, DRH, Groupe - © D.R.

Diplômé de l'École Supérieure de Commerce de Reims et de l’IAE de Paris I, la business school de l’université Panthéon Sorbonne, Laurent Choain a mené plusieurs vies professionnelles de front pendant presque une quinzaine d’années avant de rejoindre le groupe BPCE en 2005 puis Mazars en 2010. « Tout en ayant développé mon cabinet d’outplacement, j'étais professeur à l’ESC Reims - où je suis ensuite devenu directeur de la formation continue et des MBA - , et également vice-président « Éducation et Développement » pour la chaine d’hôtels de luxe Kempinski, raconte-t-il. J’avais aussi des missions de conseil auprès de dirigeants et, avec Serge Trigano, l’ancien patron du Club Med, nous avons créé la société Moments of Life, qui gère des sites d’universités d’entreprises. »

« Je ne partage pas la vision du RH Business Partner »

« Je suis né - professionnellement - à la grande période de gloire de la RH en lien avec le business, c’est le fameux modèle du RH Business Partner. Je ne partage absolument pas cette vision et je regrette cette évolution, confie Laurent Choain. Les RH ce sont des relations humaines, je ne suis pas venu à ce métier pour créer de la valeur pour les actionnaires. Mais bien sûr, c’est une vision un peu naïve que j’ai appris à rendre plus opérationnelle. » Il partage ainsi le constat alarmiste de François Eyssette et Charles-Henri Besseyres des Horts dans leur dernier livre : « Comment la DRH fait sa révolution ». Après avoir interviewé 36 DRH du CAC 40, il en est ressorti que 40 % d’entre eux proviennent des opérations et ne sont donc pas issus de la fonction RH. « Il faut croire dans les gens qui viennent du métier », conclut le DRH de Mazars. Je pense qu’il est nécessaire de réinventer la fonction RH en Europe. Il faut un DRH de l’Europe afin de mener une politique où l’Europe puisse devenir un hub de talents mondiaux. »

Pour Laurent Choain, l'éducation est au cœur de ce que l’Europe doit offrir : « Notre dispositif « The Next MBA » est par exemple un projet innovant pour former les leaders de demain. »

« Il n’y a pas que les écoles qui peuvent jouer un rôle dans la formation des dirigeants »

S’impliquer dans le développement de l'éducation au management a été très tôt une préoccupation de ce DRH. « C’est le fil rouge de ma vie professionnelle », dit-il.Laurent Choain est ainsi membre du board de l’EFMD - la fondation européenne pour le développement du management. Il fait également partie de la commission ministérielle pour l'évaluation des formations et diplômes de gestion.

Testé en interne sur trois groupes de dirigeants puis ouvert aux entreprises partenaires, « The Next MBA » se singularise par son principe : aucune Grande École ou université n’est partenaire. Ici pas de corps professoral fixe ni de lieu dédié, les professeurs, venus des Grandes Écoles ou d’universités prestigieuses, donnent des séminaires thématiques sur les cinq continents. « L’avenir, c’est la dématérialisation de l'éducation, explique Laurent Choain. Nous ne sommes donc pas liés à une école. C’est une forme nouvelle car il n’y a pas que les écoles qui peuvent jouer un rôle dans la formation des dirigeants. » Huit entreprises envoient ainsi un maximum de 36 participants, tous dirigeants ou sur le point de l'être, se former 36 jours sur une période maximum de deux ans, lors de sessions organisées aux quatre coins du monde.

Et cette idée de MBA n’est pas arrivée par hasard. « J’ai trois missions principales chez Mazars, détaille Laurent Choain. Réussir à gérer la mondialisation des talents, une tâche qui n’est pas simple pour un groupe présent dans 72 pays ; développer des programmes éducatifs innovants, différents et haut de gamme et enfin, préparer la succession des dirigeants. Mazars fonctionnait jusqu’ici sur un système fort de leadership avec seulement trois dirigeants en 74 ans d’existence. Nous sommes en train d’opérer un renversement pour développer un système de leadership partagé ». D’où la naissance de ce MBA, sorte de fabrique de dirigeants en interne.

Magali Morel