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Grâce au rachat de Hudson, « notre groupe comptera 600 collaborateurs dans 22 pays », C.H. Dumon, Morgan Philips

Le | Intérim

En décembre, le groupe Morgan Philips (créé en 2013 par l’ex-dirigeant de Michael Page sur un modèle digital-friendly), a signé un accord en vue du rachat d’une partie des activités de Hudson Global en Europe pour 10.5 M$. L’opération interviendra au printemps. Le nouveau monde du recrutement est-il en passe de manger l’ancien ? Interview du Président-Fondateur de Morgan Philips Group, Charles-Henri Dumon

Grâce au rachat de Hudson, « notre groupe comptera 600 collaborateurs dans 22 pays », C.H. Dumon, Morg - © D.R.
Grâce au rachat de Hudson, « notre groupe comptera 600 collaborateurs dans 22 pays », C.H. Dumon, Morg - © D.R.

Qu’avez-vous racheté auprès du groupe Hudson, précisément ?

Hudson Group a souhaité se séparer de ses activités de recrutement et de talent management, pour se concentrer uniquement sur le RPO (recruitment process outsourcing). Ce « break-up » a fait l’objet de trois lots, avec d’une part l’Asie-Pacifique d’un côté et le Benelux de l’autre, tous deux rachetés en MBO (rachat de l’entreprise par ses salariés, ndlr). Et d’autre part les activités recrutement et talent management pour le reste de l’Europe, que nous sommes en train d’acquérir pour 10.5 M$. Au terme de ce rachat, nous générerons un chiffre d’affaires de 130 M€ dans 22 pays.

Qu’attendez-vous de ce rachat ?

Dans nos métiers, la taille compte. Nous devons être capable de fournir une offre globale à nos clients, aussi bien sur le plan géographique qu’en termes de services proposés. Grâce au rachat, notre groupe comptera 600 collaborateurs au total dans 22 pays (contre 250 dans 14 pays aujourd’hui), dont 75 % d’opérationnels en moyenne. Par ailleurs, nous arrivons dans 3 nouveaux pays, avec deux bureaux Hudson en Espagne, un en Pologne et 5 au Royaume-Uni. Nous récupérons aussi un réseau de franchisés Hudson dans 5 pays supplémentaires, consolidant ainsi notre présence dans les pays nordiques et dans les pays de l’est. Enfin, nous observons que le groupe Hudson est très fort sur le segment du talent management, qui représente 25 % de son chiffre d’affaires. Cela recouvre les activités d’assessment, de coaching, etc. C’est un créneau sur lequel Morgan Philips souhaite se développer pour apporter encore plus de consulting et de valeur ajoutée à ses clients.

Les deux marques sont-elles vouées à coexister ?

Hudson est coté au Nasdaq. Cette acquisition sera finalisée en avril prochain, quand les actionnaires d’Hudson Group auront donné leur accord. Evidemment, nous avons des plans, mais il est trop tôt pour en parler. Hudson existe depuis très longtemps et compte beaucoup de clients fidèles. C’est une marque très connue. Avec le nouvel ensemble, nous aurons un parc de 5000 clients, contre 1500 aujourd’hui.

Comment concilier l’approche plutôt traditionnelle Hudson avec votre ADN digital ?

Dans le recrutement, opter pour le 100 % digital est un vœu pieu, c’est même une erreur. Nous faisons avant tout un métier d’hommes et de femmes ; de rencontres. La technologie est indispensable, notamment pour le sourcing, mais on ne peut pas faire l’économie du consulting. En mariant deux cultures et deux façons de travailler, nous allons former un beau groupe. Toutefois, il ne faut pas tout opposer. Chez Morgan Philips, nous étions déjà beaucoup dans l’humain. Quant à Hudson, ils sont loin d’être incompétents sur le plan digital.

Quels défis vous attendent sur le marché français ?

Le management de transition va prendre de plus en plus d’ampleur. Nous sommes déjà très présents sur ce créneau qui se développe fantastiquement bien ; Hudson l’est moins. Nous observons aussi une forte pression sur les honoraires. Dès lors que l’on s’appuie sur des méthodes de sourcing moins chères, grâce à nos research centers à l’Ile Maurice ou à nos process de crowdrecruiting par exemple, nous pouvons répondre aux problématiques de prix de certains clients, notamment dans le cadre de gros volumes de recrutements.

Gaëlle Fillion